Par Jeff Auldet.
Un beau jour, Steven Cohen, avocat à Toronto de son état, décide de lâcher sa vie professionnelle pour tenter de vivre professionnellement de sa passion, le poker.
Ses revenus annuels sont de 200000 dollars et il se fixe pour objectif d’atteindre 150000 pour sa première année de poker. Une montée progressive des limites lui permettrait d’atteindre le demi million annuel de revenus. Steven ne doutait de rien ayant même lu des livres et participé à des conférences sur le sujet.
Dans un premier temps, il a joué près de huit heures par jour en ligne avant de s’attaquer au poker en live dans les casinos des chutes du Niagara et de Vegas. Comme souvent, après un bon début, le gars a du faire face à une perte de 122000 dollars. Lucide, l’ancien avocat a renoncé à son rêve de joueur professionnel.
L’histoire pourrait s’arrêter là mais l’année suivante, Steven doit remplir sa déclaration fiscale et en bon avocat, il tente de faire déduire ses pertes de jeu comme « dépense d’entreprise » actant de son statut de joueur professionnel durant cette année. Mais le fisc canadien ne l’a pas entendu de cette oreille et à rejeté sa déclaration pour le motif qua dans le cas de Steven Cohen, le poker était un hobby, non une profession.
Chacun campant sur ses positions, l’affaire s’est retrouvée devant les tribunaux de la Cour Canadienne de l’Impôt et le juge a déclaré que l’avocat ne s'était engagé dans une entreprise commerciale avec une expectative raisonnable de profit. Dans les actes, on peut même lire cet avis du juge : « Le fait que M. Cohen a perdu de l'argent chaque mois, incluant ses trois premiers mois alors qu'il jouait des parties avec de plus petits enjeux, ne suggèrent même pas une compétence supérieure pour ce niveau de jeu ». Outre ses compétences en matière de jeu, le juge a également mis en doute son « plan d’affaire » n’y trouvant aucune budgétisation ni planification adéquates. Le jugement est tombé, Monsieur Cohen n’a pas démontré qu’il avait abordé le poker d’une façon professionnelle mais plutôt … aventurière.
Déçu, Steven Cohen a quand même admis sa défaite du bout des lèvres.
De plus en plus de Canadiens s’adonnent au poker et nul doute que ce jugement fera jurisprudence et obligera les « vrais » joueurs professionnels à s’entourer de conseillers économiques et fiscaux.