Une belle leçon de vieHello tout le monde,
Comme je l’avais promis à plusieurs, à peine sorti du tournoi, je prends mon clavier pour vous livrer mes premières impressions à chaud sur l’expérience hors du commun qu’il vient de m’être donné de vivre.
6 levels et 10 minutes auront eu raison de moi.
Mais avant tout, revenons sur la journée de manière globale.
Après une bonne nuit de mise en condition, me voilà frais et dispo pour aller à la rencontre de mon rêve.
Le rendez-vous est fixé vers 10H30 avec mon désormais coéquipier Jamel dans le hall, afin d’aller valider notre inscription au tournoi.
Au tirage, je gagne la table 6, siège 6. Donc, à moins de déplacement improbable, il apparaît exclu que connaisse une autre table durant ma journée.
Après les formalités d’usage, nous retrouvons Manu dans le hall de l’hôtel afin de tourner quelques petites vidéos de présentation de la Team.
Tout se passe dans la bonne humeur, et curieusement, je sens monter en moi une certaine émotion.
Un de mes rêves va se réaliser. Je vais pouvoir prendre part à un Main Event de l’European Poker Tour.
Midi… Je suis le premier arrivé à table. Au fil de l’arrivée des autres joueurs, je me rends compte que la table sera très internationale.
Deux suédois, un autrichien, un grec, un français, un américain, un italien, et un hongrois.
Shuffle up and deal.Au cours des deux premiers levels, j’adopte une attitude assez tight, me contentant de prendre la température, de dresser quelques portraits d’adversaires.
A vrai dire, plusieurs visages me sont familiers. Le joueur du siège 1, c’est Peter Hedlund (je sais que c’est un joueur super régulier du circuit international et qui a déjà terminé second d’un EPT). Je découvrirai par contre en cours de jeu que ce gars est le plus grand moulin à parole de toute l’histoire du poker. Pour ceux qui le connaissent, Fabrice Gouget aka Gougou est une carpe à côté.
Mon voisin de gauche, le grec, lui vient de faire la TF de l’EPT de Barcelone. Je suis certain d’avoir déjà vu l’américain en TF de plusieurs événements des WSOP, et l’Italien me dit aussi quelque chose.
Le français juste à ma droite semble assez peu expérimenté, les autres me semblent assez accessibles, à part sans doute le suédois au siège 9, qui présente physiquement tout le profil du joueur né devant un PC. Peau ultra blanche (en grand manque d’UV), cheveux en bataille, le casque greffé aux oreilles… Un vrai stéréotype. En plus il est suédois, donc je m’attends à un jeu ultra loose de sa part.
La suite me donnera raison. 2 heures de jeu sont passées. Après être tombé à moins de 10K (stack de départ = 30K), le fameux suédois marche désormais sur la table à coup de relance, sur-relance, 3bet 4bet, 5bet… Tout y passe. Il est à plus de 80.000, a sorti deux joueurs et a joué en moyenne 3 mains sur 5. Pour l’instant, les cartes ne sont pas au rendez-vous, et je m’arme de patience.
Le troisième level sera assez calme. Je maintiens mon stack à coup de resteal sur les bons joueurs. Je me suis construit une image de serrure, il faut commencer à en profiter.
Au quatrième level la machine se met en marche, et à la faveur d’une paire d’as correctement négociée, je monte mon stack à 51K. Pendant une bonne heure et demi, je commence à prendre tous les spots possibles, et monte même jusqu’à 71K (pour rappel, la moyenne hier était de 67k en fin de journée).
Puis, vint le coup…Le sale coup. A peine 10 minutes avant le break dîner.
Blinds 200-400 Ante 50 ;
En MP je relance à 1100 avec pp8.
Mon fameux vicking du net me 3bet à 2800. Nous avons les deux plus gros tapis de la table, à ce moment. Lui près de 90K et moi 68K.
Je décide donc de caller les 1700 manquants avec mes 8, en pur set-mine.
Le flop vient A99. Vu que sa range représente à peu près tout le deck, je décide de check fold sur tout conti bet. A ma surprise, il check.
La turn arrive un 8. Je décide d’ouvrir à 3700. Seconde surprise, il me relance à 9600.
En totale inconnue sur sa main je décide alors de pot contrôle au maximum et call.
La river est une brique, et là je pense commettre une erreur (j’y reviendrai). Je check, il ouvre à 23K (quasiment le pot)…
Cette énorme mise me fait tiquer. Le souci c’est que j’ai joué le coup tellement passivement que je suis incapable de le mettre sur une main. Soyons clairs, il y en a 3 qui me battent dans mon esprit. Les As, As9, ou pp9… Par contre le profil du joueur peut me laisser penser à un énorme bluff, ou à au moins 20 mains que je bats avec mon full.
Après une torture de 5 minutes, je décide de payer et me vois retourner 98o… (une main assez suédoise à laquelle je ne pensais même pas).
Après réflexion, je pense que je dois ouvrir moi-même à la river du montant que je me sens prêt à payer. 23K, c’est énorme à ce moment. En ouvrant moi-même, il avait trois choix. Soit folder. Soit caller (et j’épargnais 13K), soit me relancer, et là j’étais certain d’être battu, et je pouvais folder sans complexe.
Du coup, je me retrouve à 32K. Quasi le stack de départ. Dans la foulée, je perds encore 6K en doublant un short pp10 contre Q10 chez le short. L’action se joue pré-flop, et le short touche sa dame à la river.
Le dîner break est là, je suis à 26K4 levels d’intense concentration pour me retrouver à la fin du level 2 (pour rappel, j’avais déjà 26K à ce moment là)…
Nous mangeons en équipe avec Jamel, Paco, et Manu (notre reporter de choc). On fait le point, on analyse, on discute de la stratégie…
Un petit coup de fil à mon coach perso (ma chère et tendre), et me voilà regonflé à bloc.
Blinds 300-600. Je suis MP. 3ème main après la reprise. Je retourne AJs. Je relance à 1500.
Mon suédois en position décide de m’accompagner une fois de plus.
Nous sommes deux et le flop vient AJ3 rainbow.
Je check, il ouvre à 2700. Je le check raise à 7700. Et il m’envoit tapis… Commis je paie, et il retourne AQ. Turn…Q obvious.
Ok… Good game Sir…Me voilà dans le rail comme on dit.
Je suis forcément un peu dégoûté (qui ne le serait pas ?)…
Mais je compte bien analyser cette journée bien en profondeur, parce que j’ai l’impression d’avoir pris aujourd’hui une énorme leçon de vie.
Baignée entre formidable expérience et grosse déception, j’ai du mal à exprimer mon ressenti réel.
Je me suis en effet rendu compte de beaucoup de choses, qui sont encore trop confuses pour être jetées sur papier.
Présent à Prague jusqu’à samedi, je reviendrai sur le blog pour vous les narrer un peu plus.
Bien amicalement à tous depuis ma chambre du hilton…
Ju