Une presque bulle difficileVoilà, il m’a fallu du temps pour revenir sur le blog, mais je suis là. La déception a en effet été assez grande sur ce side, parce que je pensais avoir enfin vaincu le signe indien.
Cela fait en effet quasi 11 mois que je n’ai pas pondu un ITM en live. Un cycle aussi long est en effet difficile à appréhender pour quelqu’un d’orgueilleux comme moi.
Bon, la traversée du désert est longue, c’est certain. Mais comme je joue moins, la série n’est pas si impressionnante que ça.
2010 avait pourtant bien commencer, avec 2 ITMs sur 2 tournois live joués (Side Event à 1100€ à l’EPT de Deauville en janvier et tournoi régional à Namur en février).
Puis se sont enchaînés 15 tournois sans ITM jusqu’à Prague. Il y a d’abord eu Vegas, 7 tournois joués sans ITM (dont deux tournois WSOP), Cannes, 1 tournoi (de la presse mais bon), Dublin, 4 tournois (nouvelle bulle au Main Event), et Marrakech, 3 tournois (et une nouvelle bulle).
Sans doute cet enchaînement est il du à ma nouvelle manière d’aborder les tournois. En effet, proche de l’ITM, je ne joue pas pour lui. Je joue souvent la gagne à tout prix.
Sur le on-line, cette année a été remplie de succès. Pourquoi n’y arrive je plus en live?
Quoi qu’il en soit, le 16ème non itm consécutif sera le Main Event, et le 17ème… ben ce tournoi à 1100€ que je me propose de vous narrer en quelques lignes.
Il n’était tout d’abord pas prévu que je le joue. En effet, mon pack sponsoring ne prévoyait que le Main Event.
Puis, sur place, avec en fonds de pensée les quelques 35.000$ gagnés sur le net depuis 3 mois… Je me suis dit: « Allez… Tu n’es pas venu ici pour jouer un jour et te barrer »… J’étais à moitié décidé quand on me fit part de la structure du tournoi. 10.000 jetons, structure évolutive lente, et 50 minutes de blinds. Ok, je signe.
Le début du day 1 sera pourtant très difficile. Longtemps je me ballade autour du stack de départ, montant parfois à 12K, et retombant parfois à 8K.
La table est super difficile, et ma nouvelle coéquipière Cynthia Axarlis (voir photo) marche sur la table. C’est vrai qu’elle touche de nombreuses mains… Mais elle les rentabilise super bien.
Un vrai calvaire.
Presque surprise d’autant de réussite, Cynthia demande alors au croupier de lui donner une paire d’as, prétextant que c’est la seule top main qu’elle n’a pas encore vu.
Moment choisi pour le croupier pour me donner une paire de 8, avec le 8 de pique (important pour la suite).
En milieu de parole, je décide de relancer à 800 (blinds 150-300). Cynthia en fin de parole me 3-bet à 2800.
Je m’arrête quelques secondes pour réfléchir, et me dis: « non, elle ne les a pas reçus… sa relance est trop appuyée…elle peut aussi jouer AK comme ça ou AQ…ou même de l’air… Après tout, on a décidé avant de commencer à jouer de s’exploiter à fond l’un l’autre… Pas de collusion. Puis à sa place, devant mon air désespéré, je 3-bettrais tous les jours… Que faire? Sa range est assez large quand même. Si je fold une nouvelle fois, il va être écrit sur mon front que je suis un nit. Bon, si je fold il me reste 7000. La moyenne est déjà à 16000. Si j’envois mon tapis, je n’aurai pas de fold équity… Elle a déjà plus de 25K. Je décide donc de jouer mon va-tout. Stop and go, sauf si AKQ au flop. Dans ce dernier cas, je me mettrai en zone rouge avec 5000 jetons ».
Je call donc sa mise, et open shove pour mes 5 derniers jetons de 1000 sur un flop Valet de pique, 4 de pique et 2 de coeur. Elle snap call avec… les as rouges.
Bon ok, je commence à déjà rassemblé mes petites affaires, lui adresse un signe d’encouragement, et m’apprête à quitter la poker room. Turn 7 de pique. Ah… une lueur d’espoir? River: Dame de pique.
C’est légèrement gêné que je me rassieds et ramasse mon tout nouveau joli stack. Je m’empresserai d’aller lui présenter mes excuses, et d’aller lui expliquer mon raisonnement à la pause. Pas de souci, comme je l’imaginais, Cynthia est bonne joueuse, et ne m’en veut pas. Très classe en tous cas. Fait assez rare que pour ne pas être souligner. J’ai pour coéquipière une grande joueuse, et franchement ça change des mentalités moyenne que l’on peut parfois trouver dans nos casinos. Bravo Madame.
Je terminerai le day 1 en roue libre, augmentant mon tapis au fil des levels, finissant la journée avec 45000 jetons (un brin plus que la moyenne). Il ne reste que 44 joueurs, et 24 seront payés.
La fin du désert sans doute.
C’est rempli de motivation que je rejoins la salle dans ce day 2. Très vite, j’impose une certaine domination à la table, parvenant à monter rapidement à 60.000 jetons sans showdown.
A la table, il y a mon copain belge Lucjean (qui a gagné son voyage et ce tournoi sur le championnat on-line de WP). Lui est revenu très short et envoie son tapis dès qu’il voit une jolie main ou ce qui y ressemble.
Puis vint de nouveau le coup. Il reste 34 joueurs. Je reçois ma première jolie main de la journée sous la forme d’un AQ de coeur. Aux blinds 800-1600, je relance à 3900. Jean-Luc envoit illico son tapis pour 21K en tout.
Une rapide estimation du coup me fait penser que je dois folder. Mon stack est à un peu plus de 50K (la moyenne – j’ai perdu 8K dans un coup juste avant, sur un 3 barrel bluff qui ne passe pas). Si je fold, je tombe à 15BB. Si je prends le coup, je passe à quasi 75K. L’ayant vu jouer, il envoit pp5+ et AJ+, voir KQ… Je m’estime souvent en coin flip. Ici, avec les as ou les rois, il aurait réfléchi plus longtemps. Cette dernière réflexion, me pousse à caller de plus en plus convaincu d’avoir mes chances. Puis si je perds, je ne serai pas mort…
Je call donc, et me vois opposé à paire de 9. Un as viendra au flop, puis…un 9 à la turn.
Là tout d’un coup, je sens la confiance m’abandonner… C’est fou comme dans un tournoi de poker on peut se retrouver rapidement d’une humeur à l’autre.
Le jeu se ralentira à outrance à l’approche de l’ITM. Les blinds sont à 1000-2000. Il me reste 26K. Le chipleader de la table, un français, relance à 4200 (comme il le fait environ un coup sur deux). En BB, je suis certain de dominer sa range avec Q9 de pique… Et décide de le 3bet all in. Beaucoup de paramètres me poussent à faire ce coup. Tout d’abord, il doit ajouter 22k de ses 90K, ensuite, je sais que sa range…c’est le deck. Enfin, dans ma tête, il ne peut me voir que sur un monstre, il reste 29 joueurs, et qui voudrait sauter à 5 places de l’ITM sur un move. Il réfléchit une éternité et décide de me payer. Aurais-je mal lu?
Non… Il a 10-6 déparaillés. Un 6 viendra directement au flop, ainsi que plein de cartes passant entre les miennes J-8-7-6-4 (et deux piques).
Bon… Je trouve le call super light, mais qui s’en plaindrait? Avec un peu de réussite, je remontais à 50K et étais quasi assuré de l’ITM.
J’aurais aussi pu ne pas tenter ce move et folder sagement ma main. Mais ce n’est pas comme ça qu’on gagne un tournoi imo…
Ma souris me manque… Mon écran aussi.
17 tournois sans ITM. Série en cours.
Il m’a certes fallu quelques jours pour écrire cet article. Je devais y réfléchir sereinement, parce que pour la première fois depuis longtemps, je me suis senti vraiment déçu. Et ce n’est pas ça le poker pour moi.
Autant, j’ai encaissé rapidement ma sortie du Main, autant celle-ci fut douloureuse mentalement.
Au final la conclusion, c’est que je joue bien. Quelques ajustements seront néanmoins nécessaires. Il y a quelques faiblesses sur lesquelles j’ai mis le doigt que je peux corriger rapidement afin de sortir de cette phase chiante à outrance (j’y pensais déjà après le Main Event).
J’en reparlerai dans un tout prochain article.