Ah... Un débat...
Excellente idée. J'ai des choses à dire...
Rien sur Jérôme... qui est à mes yeux un très bon joueur.
Par contre j'ai un point de vue très tranché en ce qui concerne le re-entry.
Il y a deux aspects principaux qui peuvent être sujets à discussion.
L'aspect stratégique de la chose en tant que jeu.L'aspect stratégique de la chose en tant que proposition de jeu par des organisateurs.Pour la partie propre au jeu, et sans discuter de l'existence judicieuse ou non du re-entry, chaque version d'une organisation possède ses propres aspects stratégiques, et le "re-entry" est de ceux-ci.
Je ne partage donc pas l'avis de plusieurs personnes ci-dessus.
Il y a plusieurs stratégie applicables dans un tournoi re-entry (comme dans un rebuy, un freezout, un bounty,...).
Concernant le re-entry, indépendamment du buy-in (*), certains adopteront la stratégie d'élargir leur jeu au maximum dans l'optique de monter des jetons, et d'autres serreront les fesses au maximum en tentant de profiter des largesses des premiers cités.
(*) Je dis "indépendamment du buy-in" car quels que soient les individus et les stratégies développées, participer à un tournoi à 400€ de buy-in nécessite une bankroll qui le permette (ce qui concerne seulement un très faible échantillon du field, je suis d'accord).
Une règle de bankroll (parmi d'autres) dirait qu'il faut 100 buy-ins derrière soi pour participer à un tournoi (en l'occurrence ici, 40.000€).
Toute personne qui participe à un tel tournoi sans respecter une règle similaire
peut doit être considérée comme un amateur...
Un amateur du dimanche qui s'est qualifié, un amateur flambeur à la roulette qui a provisoirement glissé vers le poker, un amateur qui s'est qualifié via un buy-in bien moindre...etc.
Par définition: Amateur < Professionnel.
Le professionnalisme (peu présent dans nos contrées) exige d'être le plus proche possible de la perfection quant à une gestion de bankroll ou quant à un respect d'une approche stratégique.
Un amateur qui s'offre comme cadeau de participer à un tournoi à 400€ (qui plus est re-entry) alors qu'il n'a pas de bankroll pour le faire, aura d'office un désavantage par rapport à quelqu'un qui joue un tournoi, non pas à 400€, mais à 1% de bankroll.
L'amateur peut être bon, et même très bon... mais je le répète, si il n'y a pas d'approche stratégico-financière définie, il y a d'office un handicap.
Et quand il participe à un tel tournoi, il DOIT en accepter les aspects stratégiques. Il doit accepter de tomber sur un flambeur à qui l'argent ne coûte rien et qui lui inflige une horreur. Il doit accepter de partir en infériorité numérique dans ce tournoi. Il sait que c'est un tournoi Re-entry... Il connait les règles du départ. Soit il s'y plie... soit, il ne joue pas... Ce n'est pas comme si on disait, une fois le départ donné, bon les gars, le tournoi est finalement un re-entry, et non un freezout... On sait que c'est un tournoi re-entry... Et on choisit d'y prendre part...ou pas.
Venir dire derrière que ça fausse le jeu, que c'est discriminatoire, ou que cela se fait au détriment des "petits" joueurs, je ne suis pas du tout d'accord.
Quand on participe à un tournoi de tennis, on sait que ce n'est pas à un tournoi de ping-pong...
Chacun est encore libre de jouer ou pas... à partir du moment où il connait les situations dès le départ.
Ensuite...
L'aspect stratégique de la chose en tant que proposition de jeu par des organisateurs.Là, je ne parle pas du jeu en tant que tel.
Je parle de stratégie générale par les casinotiers qui offrent du jeu, et qui n'ont à mes yeux rien compris...
Pour exprimer ma vision, je vais donner l'image d'une voiture.
Une voiture mise en circulation en 2006. Une voiture qui a avalé des kilomètres depuis, et dont les pneus se sont usés petit à petit.
En 2008-2009, la voiture évoluait à plein rendement. Le moteur était rodé, et toute la mécanique tenait la route.
Puis à partir de 2010, il y a eu des ratés. La voiture avançait moins vite... La mécanique s'est grippée... Le pilote (le casinotier) n'a pas clairement réagi et a continué à avaler des kilomètres, sans chercher à réparer ce qui allait moins bien.
A un moment... (vers 2012) un pneu a éclaté...
Et le re-entry est arrivé comme le très très provisoire messie... A l'image d'une roue de secours, le pneu crevé a été remplacé.
La voiture est donc repartie sur la route... avec une mécanique grippée, 3 pneus usés, et un superbe nouveau pneu...
Bref... quelque chose de très instable qui permettra juste à la voiture d'effectuer quelques kilomètres rentables supplémentaires.
Pour quitter un instant mon image de la voiture, la direction d'un établissement casinotier, qui n'y connait pas grand chose au poker, demande à ses troupes de trouver des solutions pour maintenir la rentabilité.
Les troupes essaient des trucs... Notamment le re-entry.
Et ils constatent qu'avec lui, ils parviennent à maintenir le taux d'inscriptions dans les tournois.
Un tournoi qui générait 100 inscriptions avant, en affiche désormais 110... (bravo)...
Mais au lieu de 100 joueurs différents, il n'y en a plus que 75...
Et ils se mentent à eux-mêmes... "Nous avons augmenté le nombre d'inscriptions" = "Nous avons fait du bon boulot"...
De la merde en boite je dis...
Pourquoi?
Car on sait que le poker, une des disciplines de loisirs les plus chères qui existe (ça coûte plus cher que de jouer au golf), est aussi une des disciplines où il y a le plus de turn-over.
Chaque joueur possède une longévité qui lui est propre.
Certains perdurent bien entendu, mais ils restent rares.
Beaucoup disparaissent provisoirement au bout d'un temps, reviennent, puis redisparaissent (parfois de manière définitive).
Et ces apparitions/disparitions sont bien entendu liées aux finances et à la vitesse à laquelle celles-ci s'épuisent.
Avant le Re-entry, on épuisait progressivement la bankroll de 100 personnes...
Depuis le Re-entry, on épuise plus rapidement la bankroll de 75 personnes...
Bref...
Toujours selon moi, le re-entry est une solution provisoire issue d'esprits simplistes (je ne cite personne) qui ont trouvé la roue de secours provisoire pour faire avancer la voiture un peu plus loin...
Mais comme dit, avec une mécanique aussi instable, la voiture, elle va droit dans le mur.
Pour faire durer le poker, il est nécessaire de faire un check-up global. Changer les 4 roues, remplacer le moteur, renforcer la carrosserie...
La voiture effectuera sans doute alors 5 à 10 ans supplémentaires... Sans doute plus... A vitesse moins élevée, mais elle continuera à avancer.
Et même mieux, mais diantrement plus complexe... Pourquoi ne pas changer la voiture... et réinventer complètement le poker?
On ne change pas de discipline... On préserve la marque, on change juste de modèle... et on repart de zéro...
Cette dernière possibilité est certainement la plus couteuse, et je doute qu'un jour, un casinotier, quel qu'il soit, ose franchir le pas...
Ceci dit, quand je lis qu'un Alexandre Dreyfus continue d'investir dans le poker, c'est que les ressources de notre jeu, et les marchés y liés ne sont pas complètement épuisés...
Bref... j'ai encore écrit un long texte...