Souvent raillées et sous-estimées, les femmes forcent la main pour s’insérer dans le monde machiste du poker.
Si Vanessa Rousso et consorts s’apparentent comme des exceptions, elles deviennent le symbole d’une pratique qui se féminise. Enfin la preuve que malgré nos idéaux, le bluff est universel et asexué.
Rappelez-vous. Le Kid de Cincinnati
, Lucky you, Casino Royale.
Rappelez-vous de ces scènes mythiques. Vous le voyez le problème ? Là, juste dans ces scènes pleines de tensions ? Pas de femmes.
A croire qu’elles n’en sont pas capables, de déchaîner les passions, de faire suinter les fronts et de couper nos souffles. Bien messieurs, sachez-le une bonne fois pour toute : Si.
Voilà qui atteint votre honneur masculin (à moi aussi d’ailleurs), nous ne sommes pas seules à bien manier les cartes.
Que celui qui n’a jamais esquissé un sourire face une fille près du tapis vert me jette la première pierre. Le maquillage, le mascara et les ongles longs pliant les cartes nous font ressortir les blagues et les lazzis.
Mais enfin, le poker, c’est un sport d’hommes, de vrais, de durs, de tatoués. Pourtant, après une rupture, vous vous demandez toujours pourquoi on ne comprend jamais les femmes.
Pourquoi sont-elles maîtresses d’elles-mêmes, ont-elles ce rapport à l’argent si pondéré et un égo toujours contenu ? On ne saura jamais, nous les hommes.
Et c’est bien cela qui fait leur force : les femmes sont illisibles.
Las de tous les préjugés sur les femmes joueuses de poker. Elles ne sont ni tight, ni peureuses du bluff, ni débutantes. Bien au contraire, elles cuisineront ces préjugés avec brio.
Vanessa Rousso est aujourd’hui l’ambassadrice, que dis-je, l’impératrice Sissi du poker féminin.
Avant d’être « Lady Maverick », Vanessa Ashley Rousso quitte Paris en 1992 pour la Floride suite au divorce de ses parents. A Miami, elle étudie le droit, études qu’elle poursuit. Avant de s’adonner au poker, la franco américaine domine toutes les compétitions de Rubik’s cube et d’échecs.
Ennuyée, elle se dirige vers le poker après avoir lu tous les livres de fond en comble de psychologie humaine. Encore trop jeune pour jouer aux casinos, elle devient la mante religieuse du poker online. Puis viennent les vingt et un printemps.
Depuis Avril 2006 et son entrée dans le poker professionnel, on ne retient d’elle que cet exploit extraordinaire en Janvier 2009. Lors du National Heads-Up Poker Championship, elle élimine coup sur coup Doyle Brunson , Phil Ivey , Paul Wasicka , Daniel Negreanu et Bertrand "Elky" Grospellier . Rien que ça.
Mais c’est aussi une carriére qui s’annonce prometteuse avec 7 ITM aux WSOP, 5 aux WPT et la première place dans le High Roller Event de Monte Carlo en 2009.
Si Vanessa est l’impératrice, Annette Obrestad s’affirme alors instigatrice. Plus connue sous son simple mignon prénom, Annette commence le poker sur internet à 15 ans, sous le naïf pseudo d’ « Annette_15 ».
Mais loin d’être une boutonneuse lobotomisée fan de Turbonegro (groupe de rock norvégien très en vogue), Annette prépare la conquête des tables de poker.
En 2006, elle commence avec la 7eme du Main Event de PokerStars. Petits prémices pour une grande victoire. En septembre 2007, elle gagne le Main Event des WSOP Europe à Londres, et remporte $2, 000,000.
Deux mois plus tard, elle finit 2ème de L'EPT de Dublin, et empoche $416,920.
Les gains d'Annette_15 en tournois sur internet dépassent $600,000. Elle affirme n'avoir jamais déposé un seul dollar sur aucun site de poker. Le 18 septembre 2009, Annette aura 21 ans; elle aura l'âge légal pour jouer aux USA. Alors tremblez messieurs.
Certes, nous pouvons le concéder. Janvier, septembre 2007, tout ça c’est loin.
Alors que dire de Sandra Naujoks , vainqueur de l’EPT de Dortmund en mars ?
Sous son délicieux visage de femme de 26 ans se cache une fumeuse de Havane et possédant un charmant animal de compagnie : un serpent des blés. Un premier résultat à l’EPT de Dublin lucratif (917 000 $) qui ne l’empêche pas d’avoir la grande classe.
À tapis avec A9, elle s'excusa quand elle toucha un 9 au turn qui se maria avec le sien et lui permit de battre l'AQ de Kanisch. Aussi, si vous croisez « The Black Mamba » sur le poker en ligne, ne vous dîtes pas que c’est Kobe Bryant qui vous a rasé : mais bien Sandra Naujoks .
Alors je vous vois venir : « mais Enzo, ce sont des exceptions ces bonnes femmes ». Non, des femmes à succès au poker, il y en a pléthore. Liz Lieu, la Diva du Poker, 7eme du Main Event de l’Asian Poker Tour, Jennifer Harman membre de la team Full Tilt. Dans la catégorie « belle et redoutable », je vous cite aussi Erica Schoenberg, fiancée de David Benyamine ou encore Isabelle Mercier , vainqueur du Ladies Night Tournament du WPT en 2004.
Au vu de tous ces éclaircissements, une pensée m’est venue. Si Calamity Jane, l’héroïne des plaines du Far West, s’était posé sur une chaise. Si elle jouait au poker avec tous ces mâles. Elle qui tenait le fusil si bien, n’aurait-elle pas su tenir un bon jeu ?
Finalement, chère gente masculine, acceptez ce joug féminin sans broncher. Si vous considérez le poker comme un art plein de doute, sachez qu’il est le seul à prôner une seule certitude : les femmes et les hommes peuvent cohabiter dans le même art et dans les mêmes catégories.
Que l’interminable bataille des sexes commence, ou s’arrête pour une défiance excitante et cordiale.
auteur : Enzo de poker actu
et de ma part merci d'être là