Mini WSOP 2011 (03-07 novembre)Revenir sur un voyage comme Dublin est chose difficile. En effet, autant de poker en si peu de temps, reste difficile à résumer dans un article unique. Et comme les choses ne se sont pas passées pour le mieux, il y a aussi l’aspect « à oublier au plus vite » qui rentre en ligne de compte.
Mais je vais quand même tenter un condensé de ce mini-trip au pays de la Guinness.A) Le départ : une soupe à la grimaceJeudi 3 novembre 10H30 du matin. Ma valise est prête. 15 kilos, pas un de plus, pas un de moins. Il faut dire que j’aime voyager avec beaucoup de trucs, et les restrictions « Rynair » ne sont pas faites pour assouvir ma satisfaction.
Quoi qu’il en soit, je commence à avoir l’habitude, et j’ai réussi à boucler mes bagages au millimètre.
Mon taxi habituel (ma chère et tendre) étant au boulot, j’ai dû me rabattre sur un autre lift, en la personne de mon ami JPDB.
Inaugurer le voyage avec cet ami mythique (pour moi en tous cas) me semblait tout à fait approprié pour emmagasiner un maximum d’éléments positifs avant de rejoindre l’avion.
Manque de bol, JP a sa tête des mauvais jours. Il a mal dormi, et est un peu malade. Cet état de fait lui confère un double aspect gris et grognon particulièrement exacerbé.
Il faut dire que ce dernier, habitué des spiritueux en tous genre, avait commis l’infâme offense de boire de la soupe le soir précédent.
Son estomac peu initié aux breuvages « sains » lui enverra un retour de manivelle assez salé.
C’est donc par une pharmacie que démarrera notre escapade.
Arrivé à l’aéroport, surprise, nous sommes les premiers du groupe. Il faut dire que nous avions prévu large…
Dans la demi-heure qui a suivi, nos collègues de voyage arriveront au compte-gouttes, en posant la traditionnelle et rituelle question : « ça va » ?
Erreur incommensurable à laquelle JP répondra à 12 reprises par la négative…en expliquant son intoxication alimentaire potagesque de la veille.
Que voulez-vous … Il aime bien être chouchouté notre Monsieur Mégot national.
Outre cela, notre voyage se déroulera sans problème, et c’est par un bel après-midi d’automne que nous débarqueront à Dublin.
B) Une idée excellenteDans l’attente des chambres s’improvise une première belotte-Guinness de la plus belle eau.
A l’occasion d’une pause cigarette à l’extérieur, je me rends compte que tout le groupe sauf mon ami Pbatbass devait participer au tournoi short-handed du soir à 150€ de buy-in.
Ce dernier me confiera n’avoir pas prévu la dépense dans son budget.
C’est alors que me viendra ce qui restera jusqu’à présent la plus belle Épiphanie (apparition, évidence, manifestation) de ma carrière de joueur de poker.
En trois secondes, je me dis : «
C’est trop con que nous jouions tous et que mon pote Pascal reste sur le carreau »… «
En plus, c’est un excellent joueur, et il est capable d’aller loin »… «
S’il ne joue pas, il va épuiser les stocks de Guinness du Maldron pour le reste du week-end »…
Je lui propose donc de le staker à hauteur de 50% de son buy-in contre 50% de ses gains.
Trois secondes de réflexion lui seront suffisantes pour accepter le deal.
Ce total de 6 secondes de mon existence sera en fait le plus lucratif rapport financier de celle-ci.
Le terme « épiphanie » avait été transformé par Monsieur Mouche dans « Hook » en « Pif de génie »…
Et c’est bien de ça qu’il s’agit…puisqu’une douzaine d’heures plus tard, et au prix d’une excellente gestion de son tournoi, mon ami Pascal soulevait le trophée de la victoire, dealé avec le non moins méritant Fishou (qui pour l’anecdote était lui staké par JPDB)…
Concernant mon propre tournoi, je parviendrai à développer un jeu relativement agressif, mais ne parviendrai jamais à réellement décoller… Au final j’échouerai vers la 55ème place sur 122 joueurs avec AQ joué à tapis préflop contre le KJ d’un gros tapis… (flop KKJ).
C) Un Main Event frustrantJe n’ai pas bien joué le Main Event… Je dois le reconnaître, j’ai souvent voulu être trop gourmand, notamment dans la main
racontée sur le forum, même si je ne pense pas que mon adversaire (un joueur de cash game) serait sorti du coup.
Rapidement en zone de push or fold, la réussite ne sera pas au rendez-vous…
Soit… Comme on dit… Tournoi suivant.
D) Le 250€ sur deux joursCe tournoi sera totalement différent. Je ne pense en effet pas avoir commis la moindre erreur d’appréciation, et je pense avoir vraiment développé lors de celui-ci mon meilleur jeu de l’escapade.
Malheureusement, la réussite ne sera de nouveau pas au rendez-vous. Et dire ça n’est pas peu dire. J’ai eu en tout 8 showdown à tapis… et j’en ai perdu 7 (dont un seul clairement dominé).
Tout avait pourtant très bien commencé. Après même pas une heure de jeu, j’avais doublé à la faveur d’un brelan de dames floppé. Aux blinds 50-100 (nous partons avec 30K), un vilain relance UTG à 350. Je relève les dames au bouton et place un 3-bet à 925. Vilain me min raise en 4-bet à 1600. Vu la cote offerte et le fait que vilain m’ait clairement annoncé les rois ou les as, j’opte pour le call en position. Le flop Q92 m’offre le brelan max. Vilain ouvre alors à 3000 (quasi le montant du pot). Etant relativement convaincu de sa main, j’opte pour une sur-relance substantielle à 10.000 visant à dissimuler la force de ma main. Et ça ne rate pas. Vilain envoie son tapis dans la foulée pour mon plus grand plaisir. J’instant call debout sur la table, et deux cartes plus tard, Vilain doit avouer sa paire d’As vaincue.
Après ce premier coup lucratif, mon tournoi se déroulera en mode Yoyo…
Je parviendrai à chaque fois à monter des jetons sans showndown pour les perdre dans des confrontations impossible à éviter.
J’ai noté toutes ces confrontations via un graphique, histoire de mieux évaluer le Yoyo, sans raconter tous les coups joués en détails.
La série 1 du graphique montre l’évolution de mon stack. La série deux montre les 13 étapes qui ont suivi le double up ci-dessus.
De 1 à 2, je perds 10K avec AK contre le QQ d’un short.
De 2 à 3, je grinde deux heures durant pour monter à 75K.
De 3 à 4, je perds 12K avec pp8 contre le AK d’un short.
De 4 à 5, je grinde pour remonter à 80K.
De 5 à 6, (le pire) je perds 18K dans une confrontation AK contre… AK… Saleté de couleur.
De 6 à 7, je remonte à 68K
De 7 à 8, Je perds 16K. Ma paire de 10 sera flingué par un gars possédant A10.
De 8 à 9, remontée à 66K
De 9 à 10, perte de 18K avec QQ contre AK…
De 10 à 11, remontée à 55K
De 11 à 12, sur un board KJT2, mon AQ (quinte) sera payé par JJ… River… J (pour un carré).
De 12 à 13, légère remontée, à la faveur de deux push…
De 13 au bar… Je pousse mes 10BB (32K) sur la BB qui me paie avec paire de rois…
Que dire… Si ce n’est que je suis devenu militant pour l’annulation de la possibilité de partir à tapis contre moi quand j’ai une main… LOL
Pas grand-chose à faire comme vous pouvez le constater…
E) Le tournoi de HU à 200€Nous ne sommes que 12 à prendre part au tournoi, et je suis exempt de premier tour. Il y aura 4 ITMs et je suis d’office en ¼ de finale… Good new for me. Je devrai gagner un seul match pour ramener de l’argent et un drapeau Hendon Mob… LOL
Mon premier adversaire est une sorte de bucheron irlandais, doté de tics impressionnants, avec des bras comme mes cuisses…
Nous partons à 10.000 jetons.
Les 3 premiers levels marqueront une belle domination de ma part, et verra mon stack évoluer à 13.000.
Puis…vient la main… J’ai
au bouton (ma meilleure main). Blinds 100-200. Je relance à 525. Il paie.
Flop
Assez sympa…
Il check. Je poursuis à 800. Il paie et donk-bet la turn
à 2500 (le pot). Je le relance donc à tapis et il paie avec
Je suis loin devant malgré ses 7 outs (5 pour le faire gagner, 2 pour partager)… River
Il me reste quand même 6000 jetons… Les blinds passent à 150-300.
A partir de là, le gars relancera chaque coup à 4BB préflop (en bon bûcheron qu’il est)…
Je trouve finalement une main acceptable pour le 3-bet all in sous la forme de
Pas de bol… il a
Bye bye le tournoi de HU…
Je suis frustré… mais que puis-je me reprocher de nouveau ?
F) Un dernier tournoi pour la routeDimanche soir se jouait un tournoi de Super Holdem (tournoi caritatif dont une partie du prize money part pour de bonnes œuvres).
80€ turbo, 6000 jetons, et une variante comique à laquelle je n’avais jamais pris part.
Le Super Holdem se caractérise par le fait de joueur au Holdem normal mais avec trois cartes.
La particularité réside dans le fait que l’on puisse utiliser 0, 1, 2 ou 3 cartes.
Nous sommes 51 joueurs à y prendre part. A ma toute première main, je parviens à la faveur d’un coup de cul exceptionnel à presque quadrupler mon tapis…
Je reçois
Blinds 25-50. Je suis en BB. Relance d’UTG à 225… payé 6 fois. Je complète… Et dès le flop…
pour un carré.
Le reste du coup consistera à check call les mises adverses et à sortir 2 joueurs… LOL
Le reste du tournoi se passe relativement bien. Le jeu est vraiment amusant de par ses possibilités…
J’arrive en TF (waw…)… Et termine ITM (re waw) à la 6ème place… pour 185€ et un drapeau hendon mob irlandais (re re waw)…
Bon ce dernier tournoi est anecdotique, et j’ai laissé mon prix complet pour 50% du bénéfice aux croupiers exceptionnels du festival, et les 50 autres % à l’œuvre caritative…
Le but était de s’amuser… et ça a vraiment été le cas.
G) Au finalJ’ai passé un excellent séjour, nanti de moments riches en émotion (cf victoire de Pbatbass), avec des cycles pokéristiques assez difficile à gérer, et des moments de franche camaraderie avec les amis…
Le prochain « voyage à Dublin » sera normalement prévu en février à l’occasion de l’European Deepstack… Et j’en serai.
Je souhaite franchement à tous ceux qui aiment le poker de découvrir celui-ci à Dublin…
Ça en vaut vraiment la peine…