Les casinos français et les villes qui les abritent vont souffrir de
l'ouverture des jeux en ligne qui doit intervenir au 1er janvier 2010,
prévoit une étude rendue publique mardi soir lors d'un colloque à Paris
avec des parlementaires et les acteurs du marché.
Les 197 casinos français ont enregistré pour leur dernier exercice (novembre 2007 à octobre 2008), 2,553 milliards d'euros de produit brut des jeux (PBJ, différence entre mises et gains) en baisse de 8,4 % par rapport à l'exercice précédent.
Ces difficultés ont déjà eu en 2008 des répercussions sur le
budget des municipalités qui accueillent des casinos. Les prélèvements
sur le PBJ vont en effet à 85 % à l'Etat et à 15 % aux communes dont
ils assurent une part importante du budget.
Cette étude de Francis Merlin, consultant international en marketing et en communication, relève également que l'industrie des jeux en ligne
est de nature à "booster" de nombreux secteurs économiques en France
(publicité, média, prestataires de services ...) et à créer des
milliers d'emplois.
Trois types de jeu d'argent sont prévus par le projet de loi sur l'ouverture du marché français des jeux en ligne : paris hippiques mutuels, paris sportifs à cote et en direct sur des épreuves réelles validées par les fédérations et le poker.
Le texte du gouvernement, dont la date d'examen par le Parlement
n'a pas encore été fixée, a exclu les jeux de machines à sous et les
paris en spread betting (parier sur un événement mais sans connaître à
l'avance le montant de ses pertes).
Ces interdictions, selon l'étude, vont priver le marché français d'une part de marché de l'ordre de 30 % à 35 %. Par ailleurs, écrit M. Merlin, "l'extrême difficulté
technique et juridique pour bloquer les sites illégaux qui proposeront
une offre de jeux plus importante et un meilleur taux de retour au
joueur" (limité à une fourchette de 80 % à 85 % par le projet de loi) "constituera un handicap pour les opérateurs qui auront des licences en France".
Lors de l'ouverture, écrit par ailleurs M. Merlin, le marché français "tout comme les autres marchés des pays d'Europe sera majoritairement préempté"
par les deux opérateurs historiques (Française des jeux et PMU) et par
les grands opérateurs de jeux en ligne (Unibet, BetClic, Winamax ...),
des multinationales avec plus de 5 ans d'expérience.
Pour les opérateurs français, les secteurs les "plus ouverts"
sont ceux des paris sportifs et du poker en ligne, secteur qui connaît
une progression internationale de 50 % par an. Actuellement, le marché
français, pour le moment réservé à la Française des Jeux et au PMU, a
représenté en 2008 un chiffre d'affaires de 1,170 milliard d'euros (630
millions pour la FDJ et 540 millions pour le PMU).
Le secteur des jeux en ligne international est un des rares
secteurs, assure l'étude, à avoir une progression en temps de crise de
l'ordre de 20 à 25 %, d'autant plus que le marché va "basculer assez
rapidement" de l'internet fixe (PC professionnels ou domestiques) vers
l'internet mobile (téléphonie 3G).
L'ouverture du marché français devrait être une aubaine,
explique M. Merlin, pour les détenteurs de droit sportifs qui devront,
selon le projet de loi, être rémunérés par les opérateurs de paris en
ligne, les prestataires de services ainsi que pour les médias écrits et
audiovisuels, prochaines cibles de la publicité des opérateurs.