Choisir le bon chemin6 années se sont déjà écoulées depuis ma rencontre avec notre passion. Je crois que je pourrais écrire un livre entier sur ce coup de foudre.
Parce qu’il s’agit bien de ça.
Une rencontre passionnelle avec tous les avantages et les inconvénients d’une relation amoureuse. Des grands moments de joie, des déconvenues, des instants d’intense émotion, des trahisons,…
Le poker c’est aussi la vie.En voilà une grande phrase, à la fois simple et lourde de sens.
Si je pose un regard sur ces 6 années passées, je me sens incroyablement riche. Et je ne parle pas là d’un éventuel jackpot que j’aurais récemment décroché à l’insu de tous. Non, il s’agit d’une richesse morale, d’un acquis intellectuel inestimable et même d’une connaissance terriblement expérimentée sur la nature humaine.
Je ne vais pas passer en revue toutes mes aventures… L’autobiographie ce sera pour plus tard, beaucoup plus tard…
Tout ce que je peux écrire en ce jour, c’est que des (més)aventures j’en ai connu des centaines, et que chacune possède son petit coin de richesse. Une fois qu’on les accumule et cumule, que l’on regarde l’ensemble, on se fait une bonne idée de la personne que je suis aujourd’hui.
Des remords j’en ai, bien entendu, mais au final, une fois ce regard porté, je ne regrette rien de l’ensemble.
Pourquoi porter en ce moment un regard vers le passé?Parce que pour la seconde fois depuis ma rencontre avec le poker, j’ai été amené récemment à faire des choix, à prendre des décisions, à redéfinir ma route, à choisir le bon chemin.
Et comme le long de mon périple j’ai aussi appris à réfléchir de manière méthodique, et que je me suis senti situé à un carrefour de mon parcours, plutôt que de foncer en suivant un instinct parfois troublé, j’ai voulu prendre le temps de regarder derrière moi, de lister les bonnes et les mauvaises choses, d’évaluer la/les situation(s) vécue(s), dans un but clairement avoué d’éviter de faire demi-tour plus tard.
Faire demi-tour n’est pas honteux, au contraire. La capacité que l’on possède à changer d’avis, à reconnaître ses torts, à réparer ses erreurs, sont aussi une preuve d’intelligence. Mais quand les choix à poser sont vraiment importants, il est préférable de savoir ce que l’on fait.
Avant ce mois d’août 2011, au-delà de ma vie privée et sentimentale à laquelle j’accorde énormément d’importance, on pouvait différencier mon parcours dans le poker sur trois axes bien particuliers:
L’axe professionnel
L’axe sportif
L’axe communautaireLe premier était mon but ultime. Parvenir à vivre de ma passion en intégrant de manière active le marché du « poker business ». De ce côté, je n’ai pas à me plaindre. Au contraire, tout se passe très bien, ma société se développe, et les clients pour lesquels je travaille m’ont signifié à plusieurs reprises être contents de moi.
Le second était l’essence même de ma rencontre avec ce jeu. Le poker possède deux atouts majeurs qui m’ont rapidement convaincu que ce sport était fait pour moi. Non seulement, il semble infini en terme d’apprentissage, mais en plus, toute personne qui y joue peut atteindre les plus hauts sommets (chose impossible dans mes précédentes disciplines qu’étaient le tennis et les échecs). Au poker, tu peux battre le champion du monde sur une seule partie (je l’ai fait). Au tennis, tu peux toujours essayer de prendre un point à Djokovic, et aux échecs, même s’il n’est pas dans un bon jour, tu ne mettras jamais en difficulté un Garry Kasparov… Au poker, tu peux non seulement rêver, mais également réaliser tes rêves. Bien entendu, il faut toujours travailler et toujours progresser, mais tout est possible pour tous…
Le troisième (la création de Wallonie Poker) était à la base un tremplin vers le premier. Une manière de me faire connaître, de montrer mes capacités d’organisateur, et de me faire un nom dans le milieu. En servant mes ambitions avec succès, je pense également avoir servi le jeu de manière générale. Je me suis énormément dépensé pendant près de 40 mois pour maintenir à flot ce bébé, pour lui donner à manger, et pour faire de lui un acteur important de notre sport à tous.
Faire un choixContinuer à mener de front ces trois axes devenait vraiment compliqué d’un point de vue optimisation de chacun. La priorité allant à mon travail, le temps m’était désormais compté pour assouvir les besoins des deux autres.
Une fois mon travail correctement fait, je devais me partager entre la poursuite de mon parcours en tant que joueur, et la continuité du fonctionnement existentiel de mon bébé. Résultat, hormis l’un ou l’autre succès ponctuel, j’ai l’impression de jouer comme une quiche depuis des mois, et malgré quelques tentatives de réamorçage du communautaire, j’ai souvent déchanté et rapidement baissé les bras, épuisé par les contraintes y liées.
Même si c’est principalement le troisième axe qui a cultivé ma richesse morale, il fallait se rendre à l’évidence. C’était aussi celui qui me passionnait de moins en moins.
La décision a été difficile à prendre, mais j’ai vraiment ressenti le besoin de récupérer du temps pour moi.
Cela peut sembler égoïste, mais je pense avoir suffisamment donné pour les autres, et avoir « gagné » le droit de rêver de nouveau.
Voilà la raison qui m’a poussé après une réflexion de plusieurs semaines à mettre un terme à l’existence de Wallonie Poker en tant que communauté.
Et la seule manière de voir des personnes reprendre le flambeau pour que notre emblème ne meure pas, c’était de transformer la communauté en club, et de restreindre grandement le nombre de ses participants. Je l’ai fait, et espère que nos couleurs continueront à vivre à travers le monde du poker.
Aujourd’hui, et depuis la dizaine de jours qui me sépare de l’officialisation de la décision, je vois déjà une grande différence. Une pression moindre et une envie de jouer retrouvée.
Mais attention, si je veux rejouer de manière plus intensive, je veux également prendre le temps de me reconstruire. Ne pas mettre la charrue avant les boeufs.
Pour l’instant je peux dire que j’y arrive plutôt pas mal. Le temps récupéré et la pression mentale évacuée, j’ai déjà réussi à lire deux bouquins complets qui étaient dans ma bibliothèque « poker » (dans leur plastique d’emballage) depuis des mois…
A l’heure actuelle, j’ignore de quoi l’avenir sera fait, ni quels tournois je jouerai… Le seul programme que j’ai pour l’instant, c’est prendre le temps d’étudier, de travailler et remettre le cavalier en selle.
Profiter également de l’occasion pour nourrir ce blog de manière plus régulière me semble également une bonne idée…
En espérant avoir encore quelques lecteurs qui ne m’en voudront pas d’avoir posé ce choix.