Victoire à l’open de SpaSympa mon titre, hein ? Je devrais passer plus souvent une nuit blanche à regarder le plafond…
Sans déconner, quand on regarde la semaine qui vient de s’écouler, comment ne pas faire un parallélisme avec mon précédent article.
Depuis ce dernier, j’ai vendu toutes mes parts pour le staking Vegas. Et même plus… (il y a des gens qui continuent à me prendre des parts, et je vais donc devoir trouver une adaptation, si je ne veux laisser personne sur le carreau).
Parmi mes stakeurs, il y en a deux qui me font particulièrement plaisir (attention, tous me font plaisir bien entendu, mais deux ont une saveur particulière). Tout d’abord Davidi, qui m’a pris 1500 parts d’un coup, donnant un sérieux coup d’accélérateur à mes ventes (sans parler de la fierté que l’on ressent à être staké par le numéro 1 belge), puis celui de mon pote JPDB, dont le mot d’amitié m’a relativement touché.
Puis, vient bien entendu ma victoire du week-end à Spa. Cette victoire représente mon second meilleur ITM en live, et ma toute première victoire qui sera répertoriée Hendon Mob.
Pour revenir sur ce tournoi, on peut clairement dire que j’ai pris mon pied.
Day 1
Pourtant, les 3 premières heures de jeu, je me demandais réellement où j’étais tombé.
Avec 40.000 jetons de départ, et une table majoritairement composée de calling station (personnes qui paient préflop une relance, puis au flop une ouverture avec la 3ème paire, puis à la turn avec cette même paire devenue 4ème et enfin le gros barrel river avec la 5ème paire), je me disais que ça allait être difficile. Je crois avoir gagné mon premier coup en milieu de 3ème level.
Tombé rapidement à 30K, je végéterai dans cette zone quasiment pendant 6 levels.
Ensuite viennent une première série de coups qui méritent d’être racontés.
a) Blinds 200-400 ante 50. Un joueur qui doit avoir joué 99% des coups depuis le début, décide de caller (juste à ma droite). Ce joueur avait déjà réussi à me flinguer la seule main décente que j’avais eue depuis le début par une série de calls rocambolesques. Je trouve
et décide de relancer à 1050. Deux joueurs paient le coup et mon voisin complète. Nous sommes 4 à voir le flop Mon voisin check, j’ouvre à 2200. Les deux autres se couchent, le gars paie. Turn magique
Il check de nouveau, je continue à 2800. Il paie. River
il check une troisième fois (il n’avait que deux boutons à son clavier ; check et call – les boutons mise, relance et fold, étaient condamnées). J’ouvre à 3800. Il paie et retourne très fièrement en annonçant : « Over paire »… Euh… quinte…
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b) Pas longtemps après, je perds un coup contre Benoît « Mabaumans » Tombeur. En MP, il relance à 1050 sur le même level de blinds. Je complète avec
Nous sommes deux et le flop arrive
Benoît ouvre à 1200. Je paie (rien ne sert de faire trop gonfler le pot à ce moment sur un flop assez drawy). Turn
Benoît check. Je décide d’ouvrir assez lourd, pour lui faire payer cher une éventuelle quinte (ou tirage), en donnant l’impression de protéger ma main. Je bet 3600. Il me paie assez vite. River
Carte de merde par excellence. Benoît check à nouveau. Je réfléchis un peu, et opte pour le check. En effet, je ne pense pas que miser soit opportun à ce moment, et ce même si il montre en apparence une certaine faiblesse. Benoît est un bon joueur qui maîtrise assez bien le pot control. Si je mise, je pense que je ne serai payé que par une main qui me bat. Effectivement, il montre
pour un meilleur full touché à la river. Benoît me dira : « j’ai checké parce que c’était toi »… Je lui répondrai : « pour moi, il n’y a pas d’amitié à table, et ton check était de toute façon plus dangereux pour moi que si tu avais misé ».
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c) Puis vient le coup qui me fait décoller. J’ai
(blinds 1000-2000) et décide de relancer à 4400 utg. Je suis payé 3 fois dont par le joueur en SB. Le flop vient
Avec les ante, il y a 20000 dans le pot (et j’ai 48000 derrière – 52.400 en début de coup). Le joueur en SB check, j’ouvre mon tirage à 7500. Les deux autres joueurs foldent et la SB fait la relance minimum à 15000 (ça ça veut dire deux paires ou quinte – le gars joue sérieusement). J’ai 40500, et je dois ajouter 7500 pour trouver mon cœur (dans 42500) et le battre. 5,6/1 en cote du pot, et 2/1 de trouver ma couleur turn ou river, et surtout 4/1 sur la simple turn. Je décide donc de payer le min-raise, en sachant que si je ne touche pas à la turn, je devrai probablement me coucher à la river (il me resterait alors 16BB). Mais la turn arrive
me donnant ma couleur. Ouverture du gars à tapis, que je paie, il a
et rien ne viendra l’aider à la river. Je monte à presque 100K.
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d) Deux mains plus tard, je suis en SB, et relève
Curieusement tout le monde se couche. J’opte pour une relance à 4400 (pour ne pas changer les habitudes). La BB (un bon joueur luxembourgeois), sur-relance à 11500. Je suis à peu près certain qu’il n’a pas regardé ses cartes. Et de toute façon, le move de resteal est tellement typique que je peux me permettre de tenter un truc. J’opte pour le call. Le flop vient
Si je veux prendre un max, je dois le laisser la possibilité de me bluffer. Ce qu’il fait : 18.500. Une fois de plus, je décide de simplement caller. Il y a bien le tirage cœur, mais à vrai dire, je m’en fous un peu, et au final, comme je pense qu’il n’a vraiment rien, je dois lui donner l’impression de payer pour le tirage. Turn
Toujours dans mon plan, je check, et il porte cette fois les enchères à 30K. Il y a assez dans le pot à ce moment, et je ne veux pas lui donner l’opportunité de toucher une river gratuite quelle que soit sa main. Je check raise all in pour un peu plus de 31000 supplémentaire. Il regarde enfin ses cartes… et folde. Je passe à 160K.
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e) Je perds un coup après contre Daniel Pirlot. Aux blinds 1200-2400, il relance à 7K en MP, payé une fois, je décide de compléter du bouton avec
Le flop vient
Double check des joueurs qui me fait tiquer. Je sais que Daniel est un adepte du check raise, et je ne suis pas du tout convaincu d’avoir la meilleure main. Je décide de checker à mon tour. Turn
Nouveau double check des deux joueurs. J’ai deux paires, il est temps de protéger ma main. J’ouvre à 12K. Daniel me sur-relance alors à 26K (nous avons tous les deux le même tapis). Le 3ème joueur fold. Que faire ? J’ai deux paires, mais ne suis pas convaincu du tout d’avoir la meilleure main (il peut souvent avoir brelan dans le déroulement du coup). Son double check, flop turn, suivi d’une sur- relance, me laisse penser qu’il a un jeu très fort. Dans ma réflexion, je me dis que si je paie les 14K qu’il me demande, je devrai probablement en payer 30K à la river (qui peut être une carte encore plus désagréable). N’ayant pas envie de laisser 1/3 de mon stack dans un coup sur lequel j’ai beaucoup de doute, je décide sagement de folder. Il me dira plus tard, qu’il n’avait qu’une paire de 10.
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f) Après un changement de table, plus rien à signaler, à part un coin flip perdu avec
contre pp7 (le tapis d’un short). Je termine 5ème au chip count avec 151K, et il reste 33 joueurs
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S’ensuit une discussion philosophique avec JPDB qui a la gentillesse de m’héberger. Couché à 6H du matin, je me lèverai vers 12H00, avec la tête un peu à l’envers (la soirée du championnat live de vendredi est encore bien présente dans les tripes).
Day 2
Beaucoup de coups joués, mais un me revient en mémoire, parce que je pense avoir eu le culot d’avoir été au bout de mes convictions (avec succès).
Je suis au bouton et trouve
Les blinds sont à 5000-10000 et je relance à 22400. J’ai souvent relancé en position depuis le début de la journée, et je sens mes voisins de gauche commencer à s’énerver de cette situation. De fait la SB opte pour une sur-relance à 72K. La BB commence à s’arracher les cheveux, réfléchit une plombe (ce qui me laisse le temps d’observer le joueur en SB – le hollandais qui termine 2ème – je ne le sens pas du tout certain de son affaire). Finalement BB, un joueur très sympa et assez tight foldera une paire de dames. Certain de mon affaire par rapport à la SB (il est en plein resteal), j’opte pour mon premier 4-bet light, et envoie mon tapis pour 280K en tout. Je le couvre à ce moment d’une dizaine de milliers de jetons. SB entre alors dans une profonde réflexion. Ce qui quelque part me conforte dans l’idée qu’il n’a pas LA bombe. Je sers les fesses un maximum… et ouf… il folde…
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S’en suivra un désert de cartes, pendant près de deux heures. De 350K, je descendrai à 250K au moment de débuter la TF. Après seulement quelques mains, je me retrouve à tapis contre mon vieux compère JPDB. Blinds 10K-20K, il relance à 46K en début de parole (juste à ma droite). Je réfléchis quelques instants. J’ai une paire de 10. S’ensuit un profond dilemme. Je sais que je dois envoyer mon tapis si je veux gagner ce tournoi. Les blinds sont super élevées, et avec 250K, (chaque tour coûte 50K) je dois bouger bien vite. Mais oui, mais bon, c’est mon pote… Et ma main, est correcte, mais pas sublime… Puis je me suis demandé : a) si ce n’était pas lui, que ferais tu ? Réponse, tapis b) que ferait-il à ta place ? Réponse : la même chose c) quel est le résultat potentiel ? Réponse : on devient pas loin de chipleader l’un ou l’autre… Je décide donc de pousser. Et lui de me payer avec AQ. Le flop 789 m’offre un tirage quinte par les deux bouts. La turn un 10 me donne brelan (et là intérieurement, tout rustre que je peux être, je me dis : « allez donne nous un 6 pour partage le pot »… Pensée stupide je le conçois, mais non dénuée d’amitié »). La river sera un 10 pour un carré. Ce coup me propulse à 500K, et là j’ai vraiment des munitions pour jouer.
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Je toucherai quelques belles mains après c’est certain (et en montrerai quelques-unes pour conforter les gens dans l’idée qu’ils ne doivent pas jouer contre moi). Cette image me permettra de relancer quasi une main sur trois et de monter tranquillement mon stack à plus d’un million sans plus avoir à prendre le moindre risque.
A la fin, j’accepte un deal un peu à mon désavantage.
Quand on se retrouve à 3 joueurs, je possède 1,2 million de jetons, le second a 900K et le 3ème 700K.
Normalement les prix étaient 10950, 6950 et 4300 pour les 3 premiers.
Après une courte discussion, j’ai accepté le deal assez intéressant pour les 2ème et 3ème (7750, 7350 et 7100), parce que:
-je prenais plus que la 2ème place.
-le joueur hollandais qui termine 2ème (mais pas dans le ranking circus parce que volonté d’anonymat) était juste très bon.
-le troisième larron est un habitué des TF à Namur et Spa
-le tour de table 90K et un retournement de situation n’était pas à exclure.
-je prenais le titre de vainqueur officiel (toujours sympa pour le palmarès).
-je commençais sérieusement à être fatigué.
-j’assurais le fait de ne pas devoir puiser 1$ dans ma bankroll pour Vegas…
Donc, voilà… j’aurais certes pu négocier entre 8 et 8,5K… (le calcul usuel de deal donne 8,3K 7,3K 6,6K).
Par ailleurs, comme l’a fait remarquer Xa sur le forum, les autres semblaient assez nits et j’aurai pu continuer et jouer pour les 10,9K (surtout de la manière de laquelle de dominais la table)… Mais j’avais un feeling que le hollandais était entrain de se réveiller, et que le 3ème estimait n’avoir plus rien à perdre. Sans compter qu’au poker, un retournement de situation n’est jamais à exclure.
J’aurais été vraiment déçu si cela s’était produit, et je ne voulais pas risquer d’entacher un week-end que j’estime parfait, mais que bien entendu… je n’explique pas… LOL